+Nature

 

 

Vous pouvez trier les articles par Date, Titre ou par Auteur.

  D'Andorre Ă  MontsĂ©gur:
De : A. Guirado
Le : 16/06/2001

Carlit Voir les paysages

Le train nous avait laissés à Porta petit arrêt avant Latour de Carol le terminus. Gîte sympa, soirée tranquille et douche réparatrice. Un déluge étant tombé toute la nuit le lendemain le soleil égayait les sommets verts des Pyrénées dans une atmosphère lavée. Départ de bonne heure pour rejoindre le col de Puymorens et la vallée de Font-Vive.

Après une traversé périlleuse à la Tour Cerdane de cette route fréquentée la progression était plus facile et l'on s'est élevés tranquillement en surplombant la vallée. A la fin de l'ascension le lac de Lanous - une retenue artificielle - nous a offert ses berges pour une sieste méritée.

Nous repartons à travers le massif du Carlit cette fois. Les randonneurs à la journée ne s'aventurent plus jusqu'ici et les rencontres se font rares. Nous ne croisons que deux groupes après le lac et jusqu'au soir. Nous décidons de nous élever dans les hauteurs pour bivouaquer. La soirée est donc venue avec un calme immense. Nous nous réfugions assez vite sous la tente. Comment peut-il y avoir autant de moustiques à cette hauteur dans ce désert ? Comment trouvent-il leur nourriture le reste du temps ? Mystère...

On fait une réapparition en pleine nuit. Des milliards d'étoiles tapissent le ciel au point d'en chercher les parties noires. Le spectacle est vraiment féerique. A voir absolument.

Lendemain, départ à l'aube, la tente est vite pliée. Le temps s'annonce exceptionnel. Nous traversons les dernières hauteurs prés du pic de Lanous. Nous marchons sur des névés en août et nous entamons notre descente.

La destination initiale était Orlu par la vallée de l'Orrége, mais nous changeons et récupérons le chemin vers Mérens les Vals. Sur notre route le refuge des Bessines vient paraît-il d'être refait à neuf. Quelques heures plus tard et des images plein la tête nous arrivons. En effet le refuge est tout neuf, mais nous avons encore des fourmis dans les jambes et on pousse jusqu'à Mérens - on va voir les chevaux !

L'arrivé au gîte est salutaire, finalement. Heureusement il reste des places. C'est un gîte commun, une grande salle centrale pour les repas et la vie, entourée d'alcôves pour le sommeil, il est plein et l'ambiance est très bonne. Le coût de fourchette est solide dans la région, il est vrai que la montagne à tendance à creuser.

La nuit porte conseille le lendemain nous décidons de creuser le côté coup de fourchette de la région. Un saut de train et nous atterrissons à Foix, ville médiévale et gastronomique. L'étape fût mémorable, les visites de traiteurs entrecoupés de visites de châteaux, si nous n'avons pas goûté tout ce que cette ville avait de bon, nous avons essayé tout au moins. Quelques-unes de ces réalisations culinaires valent bien le détour c'est sûr.

Après quelques kilos de plus et une connaissance plus approfondie des comtes de Navarre et leurs vassaux cathares nous avons pris le sentier du même nom. Départ donc au petit matin de Foix et direction Port La Nouvelle. Après les étapes des Pyrénées aux pentes raides, toujours visibles sur notre droite, les collines du pays cathare ménagent agréablement nos jambes. Les tons de vert sont fabuleux, ce pays est riche de sa nature et l'on comprend mieux les générations qui s'y sont succédées.

Cette région est attachante, un mélange de calme et d'énergie. Les châteaux sur leurs éperons rocheux surveillent le retour improbable des chevaliers parfaits et scrutent le paysage de leur mémoire critique. Nous passons d'abord à Roquefixade d'où nous apercevons Montségur.

Nous continuons notre route haltes après étapes. Nous atteignons Montségur un jour de soleil radieux. Le château surplombant le sentier, dans un premier temps nous ne le reconnaissons pas, puis le sentier contourne la célèbre colline et nous passons devant le chemin principal. Vu l'heure nous remettons la visite au lendemain. Pas de place au gîte le gérant nous recommande l'hôtel mais nous préférons monter la tente au camping municipal. Les douches sont chaudes et nos provisions suffisantes.

Lendemain, visite du château de Montségur de bonne heure. Le temps est clair et à la fin de la montée, le château – enfin ses murs – nous attend. Peut être est-ce une impression mais la mémoire des pierres semble plus lourde ici qu'ailleurs. Le temps est clair et la vue à 360° est fantastique. On embrasse le pays cathare d'un coup d'œil. Cet endroit est vraiment "parfait".

Un temps et une visite après nous redescendons continuer cet intermède historique au musée du village. A la sortie nous savons tout de Monségur et de son histoire.

Il est temps de repartir. Nous reprenons la route et après quelques kilomètres et recherches nous arrivons au gîte de Fougax. Une ancienne colonie de vacances religieuse reprise et tenu par un couple de Hollandais. Des bâtiments immenses ont été transformés soit en gîte d'étape, soit en gîte rural. Cet endroit étonnant mérite que l'on s'y arrête. Entre la source coulant derrière les bâtiments, les voisins fabricants du fromage de chèvre et les canetons marchant dans vos pieds le dépaysement est total. Un lieu à recommander pour des vacances dans le Sud-Ouest.

Mais il faut repartir et les étapes reprendront, Bellesta, lieu de pèlerinage du Moyen age, Puivert, Rennes le Château et ses mystères…

Allez-y, vous ne serez pas déçus.

Août 1999

fait le 18/01/01


  Alsace : De la ligne Maginot au Parc des Vosges.
De : A. Guirado
Le : 17/08/2001

Strasbourg, capitale potentielle de l'Europe nous a accueillis cet été là.
A parcourir ces avenues dégagées, véhiculés par le tramway écologique, on s'est pris à rêver d'un monde meilleur, plus respirable.
Après cet intermède urbain nous avons repris le train direction Haguenau. Là nous avons commencé à vraiment apprécier l'hospitalité et la rigueur alsacienne. Chaque fleur dans son pot, chacun à sa place, professionnel et efficace. Hôtel de repos tenu avec respect et indifférence professionnelle envers notre aspect randonnée. Il faut dire que sac au dos et vêtus pour la campagne nous ne sommes pas le prototype du touriste urbain. Aussi, nous apprécions l'attitude des intervenants de ce pays.
L'Alsace fleurie nous a converti déjà.

Spécialités et gastronomie le début étant à la hauteur de nos espérances. Après, eh bien, Il fallait partir sac au dos et apprécier ce pays où la propreté le dispute à l'esthétique.

Soultz-sous-forêts, encore plus de fleurs et de composition. Nous sommes ici dans un jardin ou peut-être à l'intérieur d'une maquette où tout est idéal. Les champs agricoles sont aussi bien tenus que les bordures de fenêtres. Et les chemins vicinaux sont un modèle d'entretien. Avec du recul et en regardant l'ensemble, c'est tout le paysage qui est modelé avec un luxe de détail. Incroyable! Pour les amoureux de l'esthétique c'est à voir absolument.

Pour cette randonnée nous nous sommes donnés comme premier but les vestiges de la ligne Maginot. Village et hameaux se sont succédé, Retschwiller, Schoenenbourg et nous arrivons au fort de Schoenenbourg. Une construction étonnement bien restauré de la ligne Maginot. Les bénévoles qui ont fait ce travail de restauration et ceux qui guident les visiteurs méritent toute notre admiration. Ils nous ont véritablement accueilli et par leurs explications ont réussi à nous transmettre une partie de leur passion pour cette œuvre.

En pleine campagne à plus de 30 mètres de profondeur un véritable vaisseau a été construit il y a soixante-dix ans et la visite de cet édifice est intéressante tant du point de vue historique que technique. Les concepteurs de cette époque n'avaient rien laissé au hasard. Et, il serait peut-être intéressant, que, certains architectes d'aujourd'hui appliquent les mêmes principes aux immeubles qu'ils veulent nous faire habiter. Ce monde souterrain placé sous le signe de la guerre est hors du temps, un peu oppressant. Ici les choses reprennent leurs valeurs aujourd'hui oubliées.

Nous remercions silencieusement cette visite qui nous fait apprécier de vivre dans une partie du monde assez en paix où toutes les ressources d'un pays ne sont pas mobilisées pour se défendre. Même la température à 12° participe à ce climat. À tel point que quand nous remontons à la surface la gifle de la température estivale nous fait revenir aux temps présents. Il est d'ailleurs celui de reprendre la route, un coup d'œil à la montre nous apprend que nous avons passé trois heures dans le fort.

La porte de sortie passée la chape de chaleur de l'été nous rappelle encore une fois le jour et l'heure. Celle de repartir. Nous traversons encore un village fleuri Bremmelbach, puis un sentier forestier nous amène dans la direction de Climbach l'étape du soir.
Malheureusement les secteurs militaires fanent et refleurissent ici au rythme des changements de saisons. L'un d'eux bien placé par une base aérienne nous stop notre avance. Pas moyen de prendre la piste convoitée, Climbach s'éloignant la distance du jour sera, au final, allongée de près de sept kilomètres.
La ponctualité ici semble être de rigueur et notre hôtesse nous fait comprendre que 20H.30 c'est tard pour arriver. Elle a raison mais nous n'avons pas l'habitude d'intégrer les zones militaires dans les calculs de trajet.

Ce bourg est à l'image de ceux déjà traversés. Hyper entretenu, géranium de rigueur, pas un papier ne venant troubler cette harmonie composée.

Le gîte est vide et immense. En complimentant la responsable sur les locaux, celle-ci nous apprend qu'il pourrait bien fermer, ne répondant plus aux normes. Quelles normes celles de l'an 3000 ? Car c'est l'un des meilleurs gîtes que nous ayons pratiqués. Une propreté impeccable, des sanitaires spacieux, une cuisine pratique, des fenêtres partout. Bref, le paradis du randonneur.
Par ces grandes fenêtres d'ailleurs nous assistons après, en pleine nuit, à une tempête exceptionnelle pour la région. Sur le moment la vision de ce phénomène est impressionnante. Des éclairs illuminant le paysage comme un flash photo pendant plus de trois secondes. Epoustouflant. Le vent projetant la pluie avec une violence réservée d'habitude à la haute montagne. Nous nous endormons avec cette rumeur en bruit de fond.

Le lendemain, départ de bonne heure. Nous constatons les dégâts de la tempête. Les rues du village si parfaites la veille sont jonchées de branches cassées. Et, les géraniums fleurissants les fenêtres, ont perdu par endroits de leur superbe.
Nous reprenons la route, prochain arrĂŞt Lembach et son fort de ligne Maginot le " Four Ă  chaux" sans oublier en passant des dizaines de casemates en pleins bois et d'autres forts souterrains non visitables, certains sont Ă  n'en pas douter immenses. Le temps se couvre et laisse craindre un orage en plein jour. Nous repartons direction Nord Ouest sur le GR 532.

Nous entrons maintenant dans la forêt vosgienne. Avec ce temps elle est sombre comme le soir mais la température est idéale pour marcher. Nous avalons les kilomètres et nous nous remplissons les yeux du paysage. Quelquefois au beau milieu de la forêt un fort se découvre encore nous rappelant que des jours sombres ont présidés à leur construction. Presque arrivés à Niederstenbach nous quittons le GR 532 pour le GR 531 plein sud.

De la forêt et des collines, les Vosges s'offrent à nous. Les averses le disputent aux éclaircies. L'odeur de terre mouillée est revigorante et la ville est oubliée ici. Etapes et sentiers nous guident vers Niederbronn où nous arrivons après 15 heures de marche. L'hôtel Goerich qui veut bien nous accueillir est super. Au calme, impeccable un vrai havre de repos.

Après, eh bien nous repartirons pour de nouvelle aventure et nous quitterons aussi cette alsace si attachante. Mais un jour il nous faudra revenir. C'est sûr.

Juillet 2001


  Entre soleil et montagnes: La Route des Forts.
De : A. Guirado
Le : 04/04/2002

Altimètre

L'an 2000, quelle année pouvait mieux convenir à un retour vers notre histoire et pour une ballade à 2000 mètres. Cette randonnée était donc placée sous le signe de la mémoire. Souvenirs de ceux qui arpentaient nos montagnes si belles à nos yeux pour y attendre un ennemi frère dans une solitude alpine de désert des tartares.

Là notre ballade allait nous amener dans nos Alpes frontalières, mais en empruntant la 'Route des Forts'. Ceux construits depuis 150 ans des deux côtés de la frontière dans une dissymétrie égalitaire.

Départ de Tende, dans l'arrière pays niçois, donc ce jour là à 6 heures du mat. Il fait déjà chaud en juillet ici la canicule doit descendre des montagnes. L'ascension commence nous avançons allégrement car nous grimpons sur la face sud et le soleil qui pointe promet quelques heures chaudes. Le dénivelé est impressionnant et, quand l'on regarde les crêtes mille mètres plus haut nous comprenons que les armés aient hésitées à prendre d'assaut cette forteresse naturelle sous les projectiles de celles artificielles disséminée la haut.

Nous apprécions le calme du matin, la chaleur avant la fournaise, et aussi la paix qui nous permet de refaire pour le plaisir ce que d'autres ont fait par obligation. Ici nous n'avalons pas les kilomètres à l'horizontale, mais les mètres à la verticale. Dix mètres de plus, c'est toujours ça de gagné. Course contre la chaleur, notre chemise est déjà mouillée, et il n'est que neuf heures.

Le soleil sur la nuque la promesse du matin est déjà tenue. Enfin, l'avantage de monter une face sud le matin est que l'on à pas le soleil dans les yeux. Il est partout ailleurs cette fois-ci. Les haltes se multiplient et nous permettent de voir la vallée en hauteur avec le village de tente de tout au fond comme la crème restant au fond d'un bol vert. Quelle beauté nous sommes sous le charme de cette vision ! Contre la montagne les lacets de l'ancienne route du col de Tende serpentent paresseusement. Les champs en planches cultivées jadis sont réinvestis par les herbes folles et les arbres colons. La lumière intense augmente le contraste entre les rochers, la poussière blanche de la piste et le fond de la vallée au vert foncé.
Ce bleu du ciel est probablement extrait un pastel de quelque tableau improbable. La haut les forts ne sont perceptibles que parce que l'on sait qu'ils sont lĂ .

La respiration rythme nos pas, petits et mesurés, à l'économie. De baisses en cols, nous approchons. De temps en temps nous essayons de discerner les forts. Au Nord il doit y avoir Fort Tabourde, et plus à droite sur cet éperon Fort Pépin. Même en le sachant nous ne distinguons rien. Il est près de midi et le soleil plombe quand soudain trempé de sueur sans avertissement nous arrivons confortablement. Après cette grimpée le terrain devient plat, nous longeons un fossé devant lequel des fenêtres s'alignent. Les ouvertures fortifiées apparaissent de loin en loin et des chiens aboient sans discontinuer de l'autre côté du fossé à l'intérieur du fort.

Une halte est salutaire et nous permet d'apprécier la vue, sur la vallée et les montagnes, qui est proprement époustouflante. Un moment plus tard les chiens aboyeurs sortent du fort par une passerelle, accompagnés de leur maître, un berger avenant. Les animaux nous font une fête démentant les aboiements précédents. La discussion s'engage sur un sujet nous intéressant au plus haut point: l'EAU. Il est vrai qu'en plein juillet plus de mille mètres de dénivelé ont eût raison de nos deux litres d'eau chacun. Par bonheur une source coule un peu plus loin et un des chiens de berger, malicieux, comprend que nous parlons de cette eau qui sort un peu chaude. Il se met à la laper joyeusement en nous regardant du coin de l'œil. L'air de dire: elle est bonne vous pouvez en boire. Quel talent !

Après une discutions plus qu'intéressant avec le berger et son chien fantastique, nous en prenons congés. Non sans nous promettre de revenir les voir.

Nous redémarrons. Nous sommes à environ deux mille mètres et nous sommes à notre altitude de croisière. Après une brève ballade sur cette crête haut perchée nous arrivons au Fort Centrale le pilier de cette ancienne ligne de défense italienne. Ruines et constructions militaires, bouches à canon et treuils démesurés. L'arsenal industriel guerrier est au complet.
Nous voyons à des dizaines de kilomètres les vallées et montagnes sous l'œil d'un bleu sans tâche. Le vent balaie la crête et ses vestiges navrants et intéressants. L'imagination de l'Homme pour se faire la guerre est vraiment étonnante.
Le pire c'est encore le contraste entre les ouvrages militaires et le paysage grandiose. Dino Buzatti a dû écrire le désert des tartares ici. C'est sûr. Le vente souffle en trombe discontinue et fait mieux supporter le soleil. Les touristes italiens sont ici. Il est vrai qu'ils viennent directement en voiture. Limone est à porté de véhicule. Les pique-niques encerclent les casernes de leurs aïeux. Il est temps de partir.

Direction est, nous allons suive la piste, vestige de la route approvisionnant ces forts. Passé le col de Tende le vent à cessée de souffler et la canicule règne sur la piste. Nous voyons la route des forts se déployer en épousant les contours du relief. Arrêt devant le Fort de la Marguerie. Nos gourdes sont encore allégées. Fait-il plus soif à deux milles mètres qu'au niveau de la mer ? En tout cas nous ne regrettons pas notre expédition. Que ce soit pour la vue, pour l'air, le silence. Que du bon !

A un endroit de la piste, et sur instructions du berger, nous trouvons la fontaine Irène. Trop bonne… Elle coule pure et si fraîche que s'en est incroyable. Où est le réfrigérateur ? Nous y restons une demi heure. Des moments comme celui-là se retiennent, puis s'échappent bien sûr.

Nous nous arrêtons un peu plus loin pour une collation bien méritée. La vallée s'étend à nos pieds. Quel calme !
Après la sieste départ direction Est nous arrivons aux casernes de Peyrefique. Le début du coté français de cette ligne militaire. Après nous nous enfoncerons dans la vallée des merveilles pour oublier ces vestiges guerriers. Mais pas ces paysages hors du commun.


  La randonnĂ©e pleine d'histoire du PĂ©rigord.
De : A. Guirado
Le : 14/02/2003

CĂ©vennes
Voir la vidéo

Voir les paysages

C'est décidé nous partons en Dordogne.
Il fait très chaud à Nice et l'Ouest de la France est paraît-il orageux en cette fin Juillet 2002. Mais qu'importe pourvu qu'on ait l'ivresse. Et celle du voyage est bien là. Le train nous emmène déjà, plein ouest à travers les paysages écrasés de soleil de la Côte d'Azur et du Var.

Halte à Marseille, le temps d'apprécier un demi sur le port, et nous embarquons de nouveau. Cette fois-ci nous traversons la Camargue, la chaleur est proprement étouffante et les milliers de personnes participants à la transhumance estivale le font dans la transpiration. Ce train régional, le ciel en soit remercié, est d'une construction à l'ancienne mode. Alors, même s'il fait très chaud, la torture d'une climatisation déficiente nous est épargnée et nous pouvons ouvrir les fenêtres à volonté.

Une famille anglaise, peu soucieuse de la morosité des voyageurs de ce début de siècle, s'installe pour le casse-croûte, ressuscitant ainsi les traditions qui ont pris fin dans les années 80. La convivialité ainsi créée est rafraîchissante à souhait. Nous prêtons un couteau tire-bouchon pour qu'ils puissent déguster un de nos bons vins de pays. Il faut avouer que voir cet anglais typique s'échiner sur le goulot sans instrument approprié et ainsi se priver de ce bout de France liquide nous attristait. Bientôt à boire à la bouteille à cette température, lui et sa femme, ne tardent pas à être légèrement ensommeillés.

La chaleur est intense et bon enfant à la fois autour du TER qui fonce toutes fenêtres ouvertes vers notre prochaine étape: Montpellier. Nous y arrivons en soirée en nous imposant une visite succincte.
Nous arrivons néanmoins à apprécier l'ambiance estivale et le grand calme qui règne sur cette cité axée vers le futur.
L'heure du TGV arrivée trop vite, nous retournons à la gare la nuit tombante.

L'ordinateur distribuant les réservations obligatoires le fait dans l'ordre des sièges. Aussi la moitié du compartiment est pleine et l'autre vide... Bravo les programmeurs !
Les villes défilent mais il n'y y a aucun arrêt jusqu'à Toulouse. Même Carcassonne est superbement ignorée. Ce TGV nous semble un peu mois utile que les trains classiques qui au moins desservaient les gares intermédiaires. Dans ce progrès les trains se prennent pour des avions…

Toulouse est transformée depuis notre dernière visite, plus entretenue. C'est un plaisir de s'y promener. Nous revoyons les place du Capitole et Wilson. Le plan courant quoi. Et nous reprenons un train en pleine nuit pour Brive.
L'ambiance n'est pas très bonne dans ce train, sans pourtant qu'aucun incident ne survienne. Mais peut-être est ce du fait qu'il est plein de vacanciers en fin de droits rentrant chez eux, au mal être de ces derniers et au temps à l'extérieur qui s'est soudain détérioré au passage de quelque frontière invisible au nord de Montauban. Il pleut des cordes. L'air est lourd et nous sommes contents de descendre à trois heures du matin à Brive-la-Gaillarde en laissant ce train mal rempli et trop plein continuer vers Paris.
Notre journée de randonnée ferroviaire et touristique s'arrête presque sur ce quai pour laisser la place à la randonnée tout court.

Trois heures du matin à Brive reste trois heures pour trouver un café ouvert. Aussi, compte tenu de la pluie tenace, d'un commun accord nous nous installons sous l'immense auvent du Marché de Brive-la-Gaillarde cher à Georges Brassens. En nous attendant bien sûr à un contrôle de Pandore qui ne vint même pas.
Le petit jour fût le bienvenue.

Retour à la gare de Brive, à son café ouvert tôt. Nous y rencontrons un responsable SNCF féru de randonnée et de littérature finissant son service. Une discussion des plus intéressante dans le hall de la gare se prolonge jusqu'à l'heure du train régional pour Terrasson ( où passe le GR461 ).
Ce train est formidable. A une prise électrique nous rechargeons notre caméra. Un quart d'heure de charge c'est toujours ça de pris. A la gare de Terrasson un chef de gare fantastique nous permet de charger à une prise dans la salle d'attente. Encore vingt minutes et nous sommes parés pour la journée. En avant !

Nous traversons Terrasson en faisant connaissance avec l'architecture et en faisant aussi le plein de spécialités pour la bonne bouche. Au passage nous prenons contact avec la Vézère, rivière majestueuse qui vît naître l'humanité. Au centre de Terrasson cette rivière caresse des quai et flirte avec des pont à la pierre patinée et noble. Le spectacle est, sous la petite brume matinale, d'une beauté tel que le voyage est payé.
Enfin le GR se déploie en escaladant la colline, ce qui nous permet d'admirer de haut l'architecture Périgourdine si particulière.
L'histoire ici fait partie de la vie de tout les jours et il en sera de même pendant tout notre séjour en Périgord.
Le soleil est voilé, mais la chaleur est écrasante faisant oublier la pluie de la nuit.

Nous avons aménagé un parcours nous permetant d'admirer le paysage par les hauteurs. Les hameaux et lieux dits défilent dans ce décor enchanteur, La Bartie, Vigne Haute, La Grave, Coly, Mortefont. Une halte touristique à St Amand de Coly nous permet de visiter son étonnante abbaye fortifié médiévale. Juste le temps d'une averse. Et nous repartons trop content des marcher une journée après une journée de transports.

A un moment privilégié de cette ballade nous avons une visions à 360 degrés sur ce deuxième cœur de la France. Ne serait les chemins goudronnés nous nous attendrions à voir surgir d'Artagnan et ses mousquetaires. Les kilomètres défilent encore, Mansac, Lavignole, Combe, Lagarène, au Peuch.

Notre journée devait se terminer avec les grottes de Lascaux. Mais en arrivant à Montignac, l'affluence touristique étant tellement importante et le choc de la foule si grand après cette journée dans les solitudes de ces montagnes. Que nous abandonnons le projet.
D'ailleurs il n'y a pas de gîtes ici et trouver un hôtel prend plus d'une heure. Les prix sont conséquents aussi et n'ont rien à envier à notre Côte d'Azur.

Nous posons le sac à 18 heures et, après une douche nécessaire et plus que méritée nous trouvons la force de sortir goûter l'ambiance des soirées.
Nous arrivons dans un village surpeuplé. On entend parler anglais partout. Ce doit être une annexe de l'Angleterre, à moins qu'eurotunnel ne passe ici, qui sait ?
Comme pour les hôtels les prix ici sont conséquents, mais enfin c'est une Angleterre toute proche et qui accepte les euros.

La bière du soir (une locale) enchante nos palais et alourdit nos paupières. Retour à l'hôtel et extinction des feux à 10 heures. Repos bienvenu après 40 heures sur la brèche.

Le lendemain, départ à 10 heures après une grâce matinée. Petit déjeuné au café et visite dilettante de Montignac dans la direction du sentier. Arrivés au pont sur la Vézère, nous longeons celle-ci en suivant le GR et là notre randonnée va basculer.
Des canoës sur la berge attirent notre attention. Nous en voyons aussi passer sur la rivière. Un banc installé sur la berge permet d'en louer. Après renseignements et un très bref conciliabule nous voilà embarqués en canoë, le sac entre les jambes, et calquant notre pagayage sur Pocahontas.

Et nous descendons sur l'eau cette rivière qui a bercé nos lointains ancêtres. C'est la première fois que nous randonnons avec nos muscles sans bouger nos jambes. A quelques mètres du rivage, et la brise balayant la surface de l'eau, la sensation de calme est indicible. Les kilomètres se franchissent avec aisance et en plus nous pouvons filmer en nous déplaçant. Châteaux et bois se succèdent et alternent aux villages. Nous nous repérons sur la carte, difficile de perdre les habitudes. Brenac, le Château de Losse, Thonac, le Château de Belcayne, St Léon sur Vézère et le Château de Clerans.
Nous arrivons en vu de la falaise troglodytique de la Roque St Christophe. Trop vite bien sûr. Et, face à la cage à écureuil de la grue moyenâgeuse, la berge est là, en accord avec notre loueur de canoë. Atterrir, hisser le canoë sur la berge et sur la remorque au loueur arrivé entre-temps, ne prend qu'un moment. Et la tête pleine de ce calme aquatique nous nous dirigeons vers le site touristique.

La foule est au rendez vous et le choc est grand entre le calme de la rivière qui a vu se développer les hommes préhistoriques et la concentration touristique de leur descendant visitant les habitats occupés de la préhistoire jusqu'à récemment.
La visite est riche en histoire et l'émotion pointe toujours à chaque marche usée par des générations ou à chaque explication de mode de vie de nos courageux anciens.
Une vrai petite ville à existée ici et des manières de vivre différentes se sont succédées au cours des siècles, tirant le meilleur parti possible de l'habitat que la nature avait préparé à leur disposition. Sûrement que l'on devrait prendre des leçons de cet état à l'heure où certains Etats se font la guerre pour se piller leurs richesses. A une époque où l'on rase trop facilement des écosystèmes entiers pour gagner trois minutes en train ou en voiture.

Enfin, pour le moment nous sommes sur notre falaise et le Périgord se déroule devant nos yeux, majestueux et accueillant, en cette saison tout au moins... La Vézère coule paresseusement devant La Roque St Christophe.
Nous évoluons sur ce site où des milliers de personnes ont vécu sur une période s'étirant de la préhistoire à la renaissance, au milieu de centaines de touristes. Que pourraient en penser les habitants de cet endroit ? Ceux qui se sont succédés des générations durant dans cet habitat troglodyte. Ceux qui ont luttés pour survivre, pour permettre notre advenue. Et puis la visite prend fin bien sûr. Il est déjà 17 heures. Et nous devons marcher encore quatre heures pour arriver à Sireuil, lieu du seul gîte à notre porté.

Et nous voilà repartis, à pied cette fois-ci. L'ascension de cette colline est vraiment facile. Nous marchons c'est sur cette petite route où aucun véhicule ne circule. Une autoroute à randonneurs. Au détour d'une courbe nous arrivons à une petite chapelle oubliée, que notre carte ne signalait pas d'ailleurs : Notre-Dame de Fontpeyrine, lieu ancien de pèlerinage. Nous y trouvons des ex-voto et des poèmes d'avant guerre. Un lieu hors du temps où nous remplissons nos gourdes religieusement.

La transhumance reprend, direction Sireuil, que nous n'atteindrons jamais d'ailleurs. Une mauvaise route, une direction mal définie, la fatigue, enfin tout cela réuni logiquement quand l'on ne suit pas les GR tracés, nous dérivons lentement jusqu'à nous apercevoir qu'il faut nous résoudre à arriver aux Eyzies plutôt qu'à Sireuil. Nous y avions pourtant téléphoné pour prévenir de notre arrivé tardive.
Les Eyzies donc, nous avons la chance d'y trouver une chambre abordable et, après un coup de fil d'excuse au gîte d'étape prévu, nous sortons profiter de cette station touristique, pays de Neandertal et de Cro-Magnon. A ce niveau de bonne fatigue, il n'y a pas grand chose de meilleure qu'une bonne bière après une bonne douche. Nous ne tardons pas à rejoindre la pays des songes, voyages bien mérité.

Dix heures du matin encore une grâce matinée. Nous sommes sur la Vézère et l'idée s'impose : Canoë. Après un petit déjeuner de circonstance, une razzia chez le traiteur et la boulangerie, nous nous dirigeons vers la base nautique qui ne peut qu'exister.
Très bien renseignés par une charmante jeune fille nous optons pour la descente jusqu'à Limeuil. Et, après une petite attente farniente jusqu'à la prochaine vague de départ, nous embarquons de nouveau sur un esquif moulé dans la liberté.

De nouveau ce silence, bercé par le remous des pagaies et ponctué par les rires d'enfants sur les berges de la Vézère. A défaut de savoir qui remercier, nous nous absorbons pour ne rien laisser échapper de ces moments d'exception. Et notre gratitude va au destin qui nous a mis là à ce moment. Les villages passent, St Cirq… et les châteaux encore ! Des vrais, de ceux qui étaient fabriqués pour repousser l'assaillant. Les canoës et les kayacs nous dépassent allégrement. Nous ne sommes pas aussi pressés, heureusement. Et la remarque du jour restera celle d'une enfant rétorquant à son frère qui pagayait plus vite pour nous dépasser : Ce n'est pas important ce n'est pas une course. Relativement à son environnement qui est aussi le nôtre, elle a les atouts pour une maîtrise de philosophie.
Nous prenons le temps de nous arrêter à un embarcadère à canoë et une guignette placée à propos nous sert ses rafraîchissements bienvenus. Autour de nous, des gens heureux en maillot de bain, la France est en vacance et l'Europe y est invitée.

Et l'on repart, un coup de rame à gauche, un coup de rame à droite. Le village de Le Bugue est le bienvenu pour un casse croûte au bord de l'eau. Les tables disposées sur la berge viennent à point.
Le temps se couvrant nous remettons notre esquif à l'eau et prenons la direction de Limeuil sous les averses intermittentes. Nous y arrivons sous le soleil ! Le climat change à une rapidité étonnante cet été.
Au confluent de la Dordogne et de la Vézère l'animation est à son paroxysme pour cette saison. Des dizaines voir des centaines de canoë et kayacs sont tirés à terre et hissés sur des remorques, abandonnés là par des vacanciers sans reconnaissance, ou dans l'attente d'une prochaine adoption provisoire.

Il est 17 heures passées, temps pour nous de reprendre la route à pied vers un hypothétique gîte. Aucun ne répond au téléphone d'ailleurs nous traversons les deux rivières sur les ponts à moitiés rassurés sur notre hébergement du soir.

La soirée est d'une douceur indicible. Le paysage dans lequel nous évoluons est retiré des axes touristiques, et à un quart d'heure de marche de Limeuil, nous sommes au milieu d'un paysage champêtre où les terrains cultivés ne sont là que pour dégager la vue sur les collines au loin. Cette terre alluvionnaire au confluent des rivières est encore assez égarée pour rester authentique. Après quelques indécisions, un train passant au loin nous engage à nous diriger vers Alles sur Dordogne et sa station. Après un rapide coup d'œil aux horaires nous prenons le temps d'apprécier le village et sa douceur estivale. Nous aurions bien dormi ici mais il n'y a pas d'hébergement.

Retour à la station ou le doute s'installe sur la venue d'un train en direction de Sarlat.. Mais arrivé la date et l'heure prévue apparaît enfin le train promis. Nous nous y installons avec joie. Les options nous semblent nombreuses à cette heure là. Mais l'avenir sera différent. Nous sommes arrivés à la gare de Buisson, nœud ferroviaire de la Dordogne sud. Sarlat ou Périgueux le choix se fera plus tard. Nous décidons et appliquons la visite touristique de cette petite ville. Le tour est vite faite et de retour à la gare nous nous apercevons de notre erreur.
Nous sommes coincés ici, les seuls trains accessibles étaient celui que nous avions emprunté un peu plus tôt et sa correspondance ! Il faut se mettre en quête d'un hôtel et à 20 H. 30 nous abandonnons. La nuit se passe à la gare de Buisson. Eh oui, les aléas de l'aventure !
Heureusement le temps est clément et, à part un petit vent à 3 heures du matin la nuit se passe bien.

Petit matin, recherche d'un café ouvert. Chou blanc. Nous allons nous refaire une santé à Périgueux. Et, le cours voyage en train passé, nous trouvons un hôtel en face de la gare pour passer deux jours de tourisme et de repos.

Nous visitons donc cette ville où le passé télescope le présent à chaque pas. La prodigieuse proportion et collection de places. Dans certaines parties de la ville il doit probablement y avoir plus de place que de rues. Et bien sûr nous visitons régulièrement les traiteurs. La bonne table est probablement l'habitude la plus facile à prendre en Dordogne. Le repos se transforme en critique culinaire et nous mettons les vendeuses à contribution pour cette activité. Il n'y a pas de balance les kilos en trop se pèserons plus tard, à l'aune des dénivelés.

Après trois jours de tourisme entre ruines romaines et, construction médiévale et pâté en croûte nous décidons le départ.
Il faut dire aussi que nous avons épuisé la vue de la gare de Périgueux depuis notre chambre. Et entre les adieux de couples estivaux, l'attente des taxis et l'échelle Jomy à porté de main en façade, le tour était fait et l'attrait pour ces choses s'en était allé avec la fatigue.

Direction Sarlat à 7 heures du matin et en train pour faire un peu de tourisme avant la marche. Après avoir sillonné cette étonnante ville médiévale sauvé de la démolition par André Malraux, lestés nos sacs de pain paillasse et de l'étalage de plusieurs traiteurs, nous démarrons plein sud, direction la rivière Dordogne.
Après une équipé de plusieurs fausses directions pour pouvoir atteindre notre but sans avoir à suivre la nationale ( aussi dangereuse pour le piéton que fréquenté par les voitures ), nous avons la chance de tomber sur un hôtel de charme en suivant une route (qui s'y arrêtait d'ailleurs). Les patrons très sympas nous indiquent exactement la marche à suivre, littéralement, pour atteindre la rivière situé à huit kilomètres en passant par des routes inusitées. Et cela à fonctionné à merveille. Nous les avons bien remerciés et le faisons encore.
Ce trajet, en plus, à l'avantage de nous faire passer devant la villa d'un artisan qui fournit la région en gâteaux de noix. A peine un regard sur le panneau fixé au portail, un autre entre nous, et nous sonnons, entrons et achetons un gâteau encore chaud. Après, bien sûr, avoir discuté avec la patronne de la région en générale et des gâteaux aux noix en particulier. Ce dernier, celui que nous avons acheté chaud a vu sa durée de vie comptée en mètres et non en heures. Il n'a jamais atteint le kilomètre ! Mais ce fût un vrai régal des sens. Quelque chose digne de rentrer dans le patrimoine de l'Humanité.

Après et pendant cet intermède gourmand, nous continuons notre route vers Vitrac et nous y arrivons finalement vers 13 heures.
Le temps de trouver le port, et un loueur ne cherchant pas à profiter des pauvres touristes que nous sommes. Et nous nous retrouvons à l'eau dans un beau canoë rouge.
Nous ne perdons pas de temps car le gîte de Beynac (notre halte du soir ) est dépendant de la mairie qui ferme à 17 heures.
Et puis le courant aidant, les contraintes horaires passent en second plan. Nous verrons bien ce soir. Le temps est magnifique et une belle Ă©toile ne nous effraie pas.
Les villages et châteaux se succèdent sur les rives déroulées par la rivière : Domme, La Roque Gageac, les Châteaux de Marqeyssac, de Castenaud, de Frayrac…

Nous arrivons finalement à Beynac avec son château de carte postale, avec un petit regret car c'est la fin de notre randonnée fluviale.
Nous glissons le long du village.
Là la berge d'accostage ! Un petit choc, nous avons atterris. Nous remontons déjà l'esquif et nos sacs reprennent leurs place sur nos dos. Nous ne le savons pas encore mais nous en avons fini avec le canoë pour cette année.

Le temps alterne entre averse et soleil plusieurs fois par heure. La mairie est fermée bien sûr, mais nous arrivons enfin après une recherche digne Sherlock Holmes à trouver le gîte d'étape, maquillé en gîte de charme. Il est fermé mais occupé et un mot scotché nous rassure, les hôtes sont au village.

Assis à l'abri, un champ devant nous, une boîte de bière en main, nous profitons au mieux de cette attente reconstituante. La vue sur le château de Beynac fief de Richard Cœur de Lion nous fait apprécier que plus cette soirée d'été fantastiquement douce. Nous nous savons chanceux d'être ici à ce moment là et nous nous recueillons pour tous ceux qui, pris dans leur travail ou leur vie, ne peuvent pas profiter de ces joies simples.

La famille arrive finalement et après une prise de contact chaleureuse nous filons aux douches et au lavage de nos vêtements rigides de transpiration. La soirée s'étire comme une pâte délicieuse sous le rouleau d'un pâtissier bienveillant.
Nous sommes invités par nos cooccupants à un apéritif en terrasse. Deux familles entières sont là plus les deux randonneurs de service. Qu'il était doux ce vin cuit dans ce méandre de la Dordogne ! Beynac fut tellement délicieux que nous décidâmes de récidiver le lendemain qui serait consacrés exclusivement au tourisme médiéval.

Départ à 8 heures du matin après la séance difficile de passage des vêtements encore mouillés. La visite du château de Beynac fut suivie de celle de son pendant et rival le château de Castelnaud, en passant par celui de Fayrac malheureusement fermé au public.
L'ascension de Castelnaud nous fait voir un paysage idyllique. Suivi de la visite du château ponctué d'explications nous permettant de mieux comprendre l'époque où ils ont été construits. La guerre de cent ans et les deux rives de la Dordogne, la sud anglaise et la nord française. Alliance et trahisons, armures et trébuchets. Le quotidien des anciens n'était pas de tout repos. Entre servage et invasions leur existence se déroulait, si ce n'est dan la crainte, tout au moins dans l'expectative perpétuelle. Du début de ce 21° siècle nous remercions la révolution et l'époque actuelle de vivre en relative liberté et en paix depuis cinquante ans.

La journée s'étend comme les paysages, douce et belle. La visite se termine suivi d'une halte déjeuner avec l'eau fraîche de Castelnaud qu'il faut trouver sur le chemin piétonnier à flanc de colline.
Nous avions des inquiétudes quant à trouver un chemin de retour le long de la rivière en évitant les routes. Mais nous sommes comblés. Un sentier existe et il serpente entre champs champ et bosquets le long du cours d'eau. Le retour à Beynac est si rapide que nous pouvons nous permettre une halte de farniente au milieu des touristes flâneurs.

Le soir à Beynac, dernier repas au gîte, dernière discutions avec les familles cooccupantes revenant d'une compétition de montgolfières. Eh oui ! Le lendemain nous repartons mais pour rentrer cette fois-ci. Nous déterminons notre trajet sur les cartes. Il faut arriver à une gare avant 18 heures. Heure de passage du train pour Toulouse.
Dernière nuit d'une douceur incroyable, bercés par les bruissements de feuilles autour du bâtiment.

Debout à 6 heures réparés et vaillants. Le sac bouclé nous sommes en marche à 7 heures. Notre trajet le long de la Dordogne nous fait passer au milieu d'un camping. Tout est endormi encore. Pourquoi ne peut on pas rester ici à dormir sous la tente en attendant l'apéritif ?
Nous repassons à proximité de Castelnaud, bien vite dépassé, malgré des erreurs de directions.
Hameaux et sentiers se succèdent. Nous progressons rapidement sur ce relief. Nous croisons une dame néerlandaise habitante et amoureuse de cette région. Des rencontres sont parfois enrichissantes. Et reparti si tôt nous dépassons plus tard le Château des Milandes. Domaine de Joséphine Baker et de ces enfants adoptifs. Le village de Lapeyre et nous rejoignons le circuit touristique des Pigeonniers, passant par St Germain de Belvès. Nous voyons déjà Belvès sur la colline d'en face. Il est à peine midi. Incroyable la rapidité de notre progression, nous avions envisagé aux mieux d'être à cet endroit à 14 heures.

Nous repartons. Arrivés en bas de la vallée, un dernier lieu-dit avec un nom en forme de poème : Ecoute il pleut, et nous sommes déjà presque à la gare. Il est à peine 13 heures. Le train est vers 18 heures. Monter à la gare acheter les billets prends très peu de temps. Il reste quatre heures de tourisme à Belvès. Nous escaladons cette colline sur laquelle est perché cette ville. Nous en profitions pour déjeuner et les traiteurs encore ouverts nous alourdissent les sacs, après une longue halte sur la place du marché ensoleillée.

Servis et resservis par de sympathiques jeunes filles nous touristons un peu cette ville, ancienne place des templiers. Encore un dernier shopping en profitant pour faire le plein de Crème de Noix, introuvable ailleurs que dans ce Périgord que nous nous préparons à quitter le cœur gros.

Après les ultimes prolongations l'heure de partir est arrivée. A regrets nous redescendons à la gare. Le train est bien là à l'heure. Il nous ramène chez nous, mais par la vitre nous voyons s'éloigner cette région si riche en paysage, en hommes et en histoire qu'il nous faudra bien revenir un jour.

Nous attendons ce jour déjà avec impatience.


Voir la vidéo


  La rando mais en canoĂ«, ou la Loire en descente.
De : A. Guirado
Le : 20/06/2006

Les sacs sont prêts, mais en cet été 2004, ils sont un peu particuliers. En effet, forts de notre expérience de 2002 et expérimentations récentes (expédition de printemps sur l’Argens), nous avons innové. Nous avons fait fort même.
Un sac est classique pourtant, bien qu’un peu lourd selon nos critères. En fait, c’est qu’il contient des affaires pour deux. Alors évidemment… Le deuxième, lui, est déjà plus particulier. Peu commun même. Nous y avons casé un canoë gonflable deux places avec deux jeux de pagaies doubles démontables et tout le matériel nécessaire à cette équipée : Gonfleur ; sièges ; sacs étanches ; bidon étanche ; nécessaire de réparation ; sangles de transport, etc.

Oui cette année nous allons randonner au fil de l’eau. Alors le départ, même s’il a le goût d’autres départs, à quand même un parfum de première. Mais enfin, le train est le même. Même si maintenant c’est TGV obligatoire, nous privant des tarifs avantageux qui avaient fait la réputation des Chemins de Fer, et des paysages, maintenant confinés fréquemment derrière des paravents de béton.

L’escale à Lyon ne nous permet que de prendre la correspondance pour Roanne, où nous arrivons à temps pour trouver le gîte et le couvert.
La douceur de la soirée nous invite à la flânerie, et, délestés de nos sacs, nous déambulons le long de la Loire et du Canal Digoin-Roanne. « Y a pas photo ! » Vu la faiblesse du débit, le tranchant de rochers affleurants prêts à déchirer notre faible embarcation, nous décidons de tâter du canal.
Bien sûr, à défaut de courant, il faudra ramer. Forts de cette certitude, nous rentrons nous restaurer et dormir. L’auberge de jeunesse est propre et le repas y est ingurgité avec l’appétit de futurs aventuriers. Notre entrain est si visible que les conversations se lient, et, finalement, l’étonnement qui se lit dans les yeux quand l’on montre notre canoë gonflable replié dans son sac valait à lui seul ce voyage.

Le matin est déjà là, après une nuit agitée, émaillée d’éclats de voix des fêtards de l’Auberge de Jeunesse. Nous sommes à l’aube sur les bords du Canal, après le doux port de Roanne. Un fin crachin nous stimule tout en baissant la température du petit matin, éloignant un peu l’arrivée de la fournaise estivale.
Le canoë est déplié, les accessoires assemblés, et nous commençons le gonflage la joie au cœur. Un quart d’heure plus tard, alors que le canoë a pris sa forme et sa rigidité optimum, nous déchantons. D’un minuscule accroc sur le plat bord droit (tribord en mer) un jet d’air continu souffle un vent de bérézina sur notre équipée.
Le bruit du souffle emmène au loin, semble-t-il, nos espoirs et notre aventure. Comment l’accroc est-il apparu ici ? Peut-être au pliage, lors des essais sur la plage à Nice ? Après un moment d’incertitude et de conjectures, nous réparons avec le kit que nous avons apporté. Et, miracle, au bout d’un quart d’heure de patience, la réparation a l’air de tenir. En fait, après nous avoir tenus en haleine toute cette randonnée, elle a tenu bon, et elle tient encore deux ans après.

Le port de Roanne était d’un calme improbable, le canal est à l’avenant. Le seul inconvénient est le manque de courant. Eh, oui ! Ici il faut ramer comme en mer, mais avec le canoë gonflable pas tout à fait gonflé, de peur de faire sauter la réparation. Les coups de rames se succèdent, et nous progressons néanmoins. Bien sûr, dépassés quelque fois par quelque joggers surpris, nous avons souvent l’impression de faire du « sur-place ». Mais, les mètres s’ajoutant aux mètres, nous mettons assez de distance à midi entre nous et Roanne pour être à La Barjotière.
Une averse nous oblige un temps à nous abriter sous les ramures d’arbres centenaires, délaissant le canal et montant le canoë sur la piste, mettant en œuvre une de nos trouvailles : de longues sangles en boucle que nous passons sous le canoë pour le soulever et le mettre au sec sur la berge.
Les minutes passent et nous en profitons pour casser une bonne croûte dans l’agréable fraîcheur de cette pluie d’été, environnés et abrités de ces arbres centenaires d’essences divers.
D’autres minutes passent encore, et, avant qu’elles n’ait eu le temps de se transformer en heure, nous décidons de pousser nos pénates un peu plus loin.
Un peu plus loin, c’est la légère montée que nous apercevons au loin. Un pont, peut-être. Des habitations, que nous apercevons, en tous cas.
Alors portant le canoë plein avec nos sangles, nous avançons cahin-caha et arrivons finalement au site d’une écluse. Là, une auberge nous attends et un bon demi nous aide à patienter, le temps que les nuages nous lâchent un peu.
Plus tard, les bras reposés, nous remettons finalement le canoë à l’eau et continuons notre équipée « canalesque ». Le soleil fait enfin son apparition et révèle la beauté du paysage que nous traversons.
De temps en temps, nous vérifions pourtant si le niveau de la Loire que nous apercevons plus bas est navigable. Et, affluent après affluent nous sommes certain que le lendemain sera un jour de descente au fil du courant.
En fin d’après-midi, fatigués et les bras endoloris, nous décidons d’arrêter les frais pour la navigation en canal. Nous abordons à une écluse envahie par une colonie de vacances et nous réfugions un peu plus loin, au calme, sous le regard des vaches broutant. Doucement, tranquillement, le canoë est dégonflé, plié et rangé avec ses accessoires dans le sac à dos. Le deuxième sac est, lui, extrait de son enveloppe étanche, et nous sommes partis !
Cela fonctionne !
Nous pouvons finir à pied, le sac et le canoë au dos, la randonnée que nous avons entamée en naviguant. Maintenant, il faut rejoindre Melay qui dispose de l’un des seuls gîtes de la région. Et il y a encore quelques kilomètres à avaler. Heureusement, c’est sur du plat, le long du canal.
Nous avançons vite finalement et pouvons espérer rejoindre le gîte assez tôt. Mais, malheureusement, la fatigue et l’impatience étaient mauvaises guides. Nous nous trompons sur l’embranchement quittant les bords du canal et devant mener au village, trois kilomètres plus loin. Et, en pleine soirée, nous commençons un périple qui nous amène sur les hauteurs, vraiment perdus. De là-haut, enfin, nous avons une vue fantastique sur la région, et sur notre erreur. Alors, et grâce aux indications de quelques résidants jardinant en soirée, nous reprenons la route du village où nous n’arrivons qu’après vingt heures.
Heureusement, la préposée au gîte a la gentillesse de venir à notre secours en ouvrant la porte de notre refuge tant désiré.

Nous sommes crevés, lavés lessivés. Et, avant de nous endormir, nous décidons que le lendemain sera un jour de repos à l’étape dans ce gîte vide et fabuleux. Nous avons dormi, dormi, et encore dormi, sans complexe pour cette grasse matinée.
Et puis il fallait bien se lever et profiter de cette journée d’été. Visite du village, de ses commerces, de la boulangerie, du traiteur, du café, du traiteur et de la boulangerie. Plusieurs fois. Et puis manger, faire la sieste. Et enfin, après tout ça, faire nos repérages pour le lendemain. Trouver un accès jusqu’à la Loire, un endroit où mettre à l’eau notre canoë.
Et, bien sûr, pour arriver à tout ça, discuter avec les hommes et les femmes du terroir. Demander, s’étonner d’apprendre des bouts de vie de ce pays si doux en été. Les mouvements séculaires des méandres ; les champs qui apparaissent ou disparaissent au cours des décennies ; la PAC ; les règles communautaires ; les péripéties du monde agricole. Et l’Histoire, en passant par les histoires, de la petite à celle en majuscule. De famille, puis du pays, si passionnante de détails pour qui sait écouter.
Ensuite il faut bien revenir, se restaurer en profitant du jardin privatif de cet ancien presbytère transformé en gîte formidable.

Le lendemain, le matin se dévoile dans la brume légère. Un moment nous envisageons de rester une journée de plus, profiter d’un bon lit et de la proximité rassurante des commerces alimentaires. Mais non, la Loire semble un aimant vraiment trop puissant qui nous tire finalement du lit avec les premiers rayons de soleil.
Dans les lambeaux de brume, nous arrivons au café déjà ouvert, le temps de formaliser nos adieux à Melay. Et puis, le sac au dos, nous prenons la route vers le fleuve des rois.
Quelques kilomètres plus loin, sur un sentier plus qu’intimiste nous retrouvons le canal que nous traversons et nous enfonçons dans les terres plein est. Quelques prés plus loin, sous le regard bienveillant des vaches, et sur un sentier très confidentiel nous rejoignons enfin ce fleuve incroyablement sauvage.

Maintenant, nous sommes rôdés, déploiement et gonflage du canoë ; installation du matériel et de nos sacs dans leur enveloppe étanche, et, après quelques photos, nous mettons à l’eau. Et là, le monde change. Au lieu du canal statique nous forçant à pagayer sportivement, nous dérivons paresseusement au fil de l’eau, dans un silence entrecoupé de cris d’oiseaux et du bruit épisodique de nos rames.
Nous y sommes ! Nous avons réussi un rêve !
Et les kilomètres défilent, entourés de berges sauvages et des bornes vivantes que sont les hérons nous observant. Les kilomètres défilent devant nos yeux émerveillés. Nous n’arrêtons d’admirer que pour guetter quelques rocher retord toujours prêt à éventrer notre fragile esquif de plastique gonflé.

Et puis nous faisons connaissance avec les méandres, presque aussi statiques que le canal.
Presque. Mais, après quelques essais tâtonnants, nous arrivons à tirer parti de l’indécelable courant et nous transformons ces calmes presque plats en moments de siestes de six cents mètres de long.
Bienvenue méandres, finalement, qui nous imposent un repos salutaire qu’autrement nous n’aurions pas pris.

Tant bien que mal, nous arrivons à nous repérer sur la carte, aidés il est vrai par les quelques ponts croisés. À l’un d’eux, posé au milieu de la petite ville de Chambily, nous pouvons heureusement refaire notre plein d’eau potable, agrémenté d’un repas salutaire sur des tables aménagés, au milieu d’automobilistes étonnés.
Et puis nous repartons, pagayant de plus belle, prenant de la vitesse dans le courant, siestant encore dans les méandres. Et, kilomètre après kilomètre, sous le regard des hérons, véritables bornes sur le bord de la Loire, nous traversons, glissons plutôt sur ce pays. Là-haut, deux goélands évoluent, perdus à huit cents kilomètres de la mer. Autour de nous, le fleuve aussi sauvage qu’il devait l’être il y a dix mille ans. Et les oiseaux de toutes sortes qui colonisent les berges. À en avoir les larmes aux yeux.
Et la journée s’avance, inexorablement, nous laissant à dix-sept heures passablement fatigués, sur une berge ombragée, juste après être passés devant le clocher plus haut perché du village d’Avrilly.
En fait, nous avions l’intention d’y accoster, mais aucune berge n’était praticable jusqu’à celle-ci, trois kilomètres après le village. Alors, après une sieste méritée, à cours d’eau potable, la seule option sérieuse s’offrant à nous est de dégonfler notre canoë, de boucler nos sacs à dos, et de se mettre en route dans la direction du village.
Les jambes sont lourdes et le soleil pesant. Malgré tout, le cheminement le long du canal est revigorant, l’horizon s’élargissant avec la hauteur. La petite montée amenant au village est vite négociée et nous nous retrouvons à Avrilly, désert et indifférent. Pas d’épicerie, pas de café – le dernier ayant fermé suite à une bagarre.
Finalement, une habitante traversant à pas lents la rue déserte a la bonté de nous donner les seuls renseignements utiles : Dans un rayon de vingt kilomètres, pas de possibilité d’approvisionnement, sauf un robinet près de la place du jeu de boule. Mais ce robinet fut notre sauveur. Nous nous abreuvons à satiété, à tel point que plus de quinze heures plus tard nous n’avions pas encore soif. Nous nous sommes installés donc là, finissant nos provisions, buvant, et emplissant finalement nos gourdes.
Après cette halte de plus d’une heure, lassés de cette esplanade vide, nous reprenons le chemin de la Loire, là où nous avions abordé. Et, arrivés sur place, nous montons la tente pour une nuit de bivouac, accompagnés des hérons. Bien sûr, la fatigue nous a bien aidé à dormir nos douze heures, mais le calme y était aussi pour quelque chose.
Un calme insoupçonné en pleine France, sur son fleuve le plus long. Un calme nous réveillant pleine nuit pour goûter le plaisir de la rosée sous les étoiles, au bord de l’eau. Un calme nous emplissant de souvenirs inoubliables.

Et l’aube arriva colorant de rose le bleu environnant. Alors, doucement au début, nous avons émergé des brumes du sommeil d’abord, et ensuite de celles couvrant le fleuve qui s’effilochaient, effrayées certainement par les premiers rayons du soleil.
Ranger la tente, plier nos affaires, ranger le sac, l’isoler avec sa house étanche et enfin gonfler le canoë. Après, le porter trois mètres et le déposer sur l’eau, y installer notre barda, et nous voilà fins prêts. Deux coups de rames et nous glissons déjà au milieu du fleuve majestueux. Le jour se lève et la vie reprend sur le fleuve. Nous arrivons bientôt à un passage en travaux. Heureusement, nous sommes un dimanche, jour sans travaux et nous pouvons passer. Kilomètres filants et glissades au fil de l’eau, pagayer et faire les siestes le long des méandres. Cette journée comme les précédentes nous comble de joies.
Et puis les aléas bien sûr, les passages avec insuffisamment d’eau pour lesquels nous devons sortir du canoë et le tirer à la main. Remonter les pieds mouillés, les chaussures pesant des kilos et reprendre ensuite. Et puis la fatigue finalement, oubliée elle aussi lorsque le courant entraîne notre embarcation dans une sarabande entre écueils et galets.
Un pont dÂ’autoroute. DĂ©jĂ  ?
Mais nous arrivons Ă  Digoin alors ?
Et nous accélérons encore l’allure, mobilisant toutes nos forces. Nous sommes à Digoin à quinze heures, épuisés mais contents, nous restons une demi-heures, allongés tout mouillés sur la berge où nous avons hissé notre canoë en pleine charge.
Et puis, doucement, nous reprenons le cours. Dégonfler le canoë, le ranger dans son sac. Faire un brin de toilette sommaire. Et enfin, émerger dans le Digoin de l’après-midi dominical. Un point d’eau. Se rafraîchir, brosser nos vêtements, reprendre figure humaine. Car il nous faut maintenant trouver un endroit où dormir, dans des draps de préférence. Mais d’abord, manger…
Une pâtisserie est ouverte à cette heure-ci et nous dévalisons une bonne partie en acompte, juste avant de se mettre ne chasse d’un hôtel. Et le choix est vite fait sur les trois à notre disposition. Après la douche d’usage, nous ressortons faire nos courses pour le deuxième service, après avoir passé un heure à siroter nos bières au soleil.
La nuit enfin, avant de plonger dans le sommeil réparateur, une tempête se lève et, à l’endroit où nous avons bivouaqué la veille, les éclairs et le tonnerre semblent se déchaîner. Nous n’en dormons que mieux.

Et puis le lendemain arrive, tourisme et gastronomie au programme. Et, plus tard, nous suivrons encore ce fleuve un peu plus bas, collectionnant les souvenirs et investissant quelques villes. Nevers, Orléans. Les châteaux aussi : Chambord, Blois.
Et toutes ces choses, petites et importantes, qui font apprécier ces voyages : Les bons croissants du petit déjeuné ; le matin frisquet suivi de la douceur angevine ; le chien du patron qui vient nous dire bonjour au café.
Et lorsque nous quittons ce doux pays ligérien, un peu de nos cœurs y restera accroché, à ces échardes de bonheur.

Ecrit Ă  Nice le 11 avril 2006.


 Haut de la page   -    Accueil  -  Produits  -  Artisans  -  Actualités  -  Techniques  -  Nature  -  Ecrivez  -  Petites Annonces  -  Forum